vendredi 25 mars 2011

La douleur ...

J’ai une certaine réputation d’être endurant à la douleur. Dans mon cercle d’ami, on me qualifie de « nain ». Évidemment pour rire de ma taille, mais aussi pour cette volonté de fer à endurer n’importe quoi, si caractérielle de cette race dans les univers fantastiques. Pourtant, j’ai commencé à mettre en doutes cette réputation. Mes capacités n’ont en fait rien de particulier, la différence est plutôt dans ma perspective de la douleur elle-même.

Dès ma naissance, j’ai eu de graves problèmes de santé : Asthme sévère, allergies à pratiquement tout. Être né à une autre époque, je n’aurais pas survécu plusieurs hivers. J’avais des douleurs régulières à la poitrine qui ont continué jusqu’à la fin de mon primaire. Pour moi la douleur physique c’est très normal, c’est une partie obliger de la vie. On tombe, on a mal, on se relève et on continue. Je ne me suis pas empêcher de faire ce que je veux, car sinon je n’aurais jamais rien fait. Par contre les souffrances de l’esprit son plus insidieuse, parfois forte et poignante nous enlevant le goût de vivre, parfois subtile et rempli d’amertume nous enlevant la lumière dans le monde, l’espoir.

Récemment un événement malheureux est venu obscurcir mon ciel. Pourtant ce qui aurait du me faire souffrir au plus haut point, ce fait ressentir comme un simple pincement au cœur. Je ressens la tristesse en moi, mais elle ne me fait pas peur. J’ai commencé à me questionner du pourquoi, du comment. L’événement était t’il si important ? … pourtant il l’est. Suis-je dans une phase de déni ? … pourtant non. Alors pourquoi cette douleur me semble presque réconfortante. Je me suis alors posé la question qu’est-ce que la douleur ? … je me suis alors remémorer d’autres moments malheureux.

Il n’y a pas si longtemps, j’ai vécu plusieurs événements qui m’ont privé de plusieurs de mes joies, m’ont fait perdre confiance en moi et on détruit mes rêves d’avenir; ne laissant derrière qu’une toile sombre et sans espoir. J’étais un matelot perdu dans une tempête dont le bateau se faisait déchirer par les éléments. Ma tête était devenue mon juge et mon bureau, persécutant mon quotidien, pour ainsi s’assurer qu’il n’y a pas de bonheur en moi. J’ai découvert l’angoisse et le désespoir. Pourtant le temps a fait son travail et après avoir errer, ce qui me semble avoir été des années, mon naufragé à enfin vu les nuages se disperser.

Suite à tout cela, je me demande si ma référence à la douleur n’est pas devenue démesurée. Comme si maintenant, être normal c’était souffrir un peu, et être heureux, c’est ne pas souffrir. Si je souffre, mais moins que durant cette période noire de ma vie, cela devient comme un retour à la normale, presque reposant. Je me sens triste et serein. On pourrait voir à cela un avantage, puisque j’apprécierais beaucoup plus les bons moments de la vie et serais capable de résister mieux au mauvais. Mais, en écrivant ces lignes et en comprenant d’avantage mon malaise de ses derniers jours, j’ai peur … j’ai peur de devenir une coquille vide. Je ne sais plus très bien ce que c’est que d’être heureux. Avant, tous les éléments qui me faisaient rire, qui me faisaient rêver, qui me passionnaient ou qui me m’apportaient à l’extase constituaient mon bonheur. Maintenant on dirait que je recherche toujours ces choses, mais moins pour leur capacité à me rendre heureux et plus pour leur capacité à diminuer mes blessures.

Est-ce la nature de l’homme que de rechercher le bonheur pour éloigner les malheurs ou es-ce moi qui s’éloigne du chemin ? J’ai peur d’avoir transformez ma quête du bonheur en fuite de la douleur. Finalement, j’ai peur …

2 commentaires:

  1. En bon philosophe classique, je dirais que le bonheur est, comme tu le dis, fuir le malheur. Parce qu'on ne peut jamais savoir ce qu'est le bonheur positivement (le décrire avec des mots précis, en faire une définition), nous sommes limités à la connaissance de son pendant négatif, le malheur compris comme la souffrance, la douleur, etc. Ça, on peut le définir, le comprendre et y avoir accès directement. La seule solution que nous avons est donc de fuir le malheur. Ce serait alors dans l'absence de celui-ci que nous pourrions le plus efficacement possible trouver le bonheur.

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  2. Pour suivre cette lancée philosophique, je citerais l'illustre Épicure dans sa lettre à son ami Ménécée : « Il faut différencier les plaisirs et privilégier ceux qui sont naturels et nécessaires. Le plaisir qui en résulte permet l'absence de souffrance. (§§127-128) »
    Il faut donc se concentrer sur l'esquive de la souffrance en gardant en tête les plaisirs qui sont accessibles (et qui sont bénéfiques).

    Plus personnellement, je comprends parfaitement ton sentiment. Je suis aussi présentement dans un moment un peu plus difficile qu'à l'habitude et tu connais les détails de cette affaire... C'est pourquoi je suis moins quand une quête du bonheur que dans un état de défense face au malheur. Cependant, je ne crois pas qu'il y ait une distinction forte entre chercher le bonheur et éviter le malheur. C'est seulement un état mental différend un peu plus mélancolique.

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